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Les paiements in-app, c'est pour quand ?
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Aujourd'hui tout le monde aimerait vendre ses services et produits en utilisant son application chez nous. Pourtant, il semble que rien n'est fait dans ce sens localement. Comment cela fonctionne ? Qu'est ce qui est attendu par les développeurs ?

«  L'économie numérique englobe les activités économiques et sociales qui sont activées par des plateformes telles que les réseaux internet, mobiles et de capteurs, y compris le commerce électronique. » Et c’est de ce dernier point dont je  vais vous parler. Le commerce électronique est un secteur en plein essor dans beaucoup de pays mais comme d’habitude, l’Afrique est à la traîne. Comment le continent qui abritera d’ici quelques dizaines d’années la moitié de la population mondiale saurait rester en arrière alors qu’une jeunesse avide de nouvelles technologies y grandit ? En tant que développeur, je vais parler du point bloquant que je constate depuis que j'implémente des applications à destination des populations locales : L’inexistence de RESTful API disponibles permettant le paiement in-app.

 

Pour la décrire simplement, une architecture REST permet la communication entre un client (smartphone par exemple) et un serveur. Une API (Application Programming Interface) est, par définition une interface applicative, comprenant des classes, méthodes et fonctions, par laquelle une application offre des services à d’autres. Cette interface est en général « documentée », livrée avec une documentation,  afin qu’un développeur qui aimerait l’utiliser puisse le faire sans problème ni anicroche. Un RESTful API désigne donc une méthode ou une bibliothèque de méthodes offerte par une application pour un service tiers.

 

Ainsi ces types d’architecture et interface sont utilisés par des opérateurs financiers tels que VISA, Mastercard ou PayPal afin de réaliser des paiements via les plateformes qu’ils proposent. Des sandbox (environnements de tests) sont mises a disposition pour que les développeurs puissent tester l’intégration des services à leurs applications. En production, les paiements peuvent être alors réalisés directement depuis des applications mobiles et web.

 

Pour encore plus de facilité, certains services comme Stripe proposent des SDK (Software Development Kit), outils d’aide à la programmation, qui permettent de réaliser les paiements pour de multiples plateformes. Au lieu de créer un développement pour les REST API de chacune des méthodes de paiement, ce service gère la transmission des données suivant le choix fait par le client directement dans l’application. Ainsi, toujours coté client, tout se passe dans l’application sans qu’il n’ait à fournir d’effort supplémentaire. Ce qui nous amène au problème rencontré actuellement par certains développeurs sur notre continent. 

 

En effet, lorsque l’on veut créer une application web ou mobile de e-commerce nous sommes souvent confrontés à une réalité : la très faible bancarisation. Les solutions proposées ci-dessus ne sont donc pas adaptées aux besoins de la majeure partie de la population. Bien que celle-ci n’utilise pas de carte bancaire, nous constatons tout de même que dans un pays comme le Gabon, le mobile banking s’est fait une place de choix et engrange des revenus importants grâce aux ventes de produits divers. Airtel en est le leader avec sa solution Airtel Money qui vend pour près de 2 milliards de F CFA d’unités EDAN (électricité prépayée) par mois.

 

Malheureusement, en se rapprochant des divers opérateurs, force est de constater qu’aucun d’entre eux ne propose de RESTful API sur leur site. Les développeurs ont donc recours à des solutions de contournement qui en réalité ne «  règlent » pas le problème. WeCashUp, SycaPay ou e-Billing sont ce que j’appellerais des solutions de facturation car le paiement proprement dit a lieu hors de l’application qui les utilise.

 

Le processus de « paiement » décrit par WeCashUp sur leur site impose au client, après avoir entré son numéro de téléphone, d’entrer le numéro de transaction généré par l’opérateur. C’est-à-dire qu’il faut sortir de l’application pour réaliser le paiement en utilisant le service USSD fournit par l’opérateur. Une fois le paiement réalisé après une longue « discussion » avec son terminal (notons bien que le paiement est bien réalisé HORS de l’application), le numéro de transaction peut être entré dans l’application. WeCashUp se charge d'envoyer l'état du paiement par la suite. La méthode employée : 

- permet d’avoir les informations sur ses ventes,

- permet de créer des factures

- et inclus divers opérateurs du mobile banking pour les solutions citées.

 

Toutefois, elle ne règle pas le problème de fond. Le paiement, pour être simplifié au maximum, doit être réaliser in-app, dans l’application, comme lors des paiements réalisés par carte bancaire via Stripe, par exemple. L’utilisateur n’aurait alors qu’à entrer son numéro de téléphone et son code secret pour réaliser son paiement car les REST API, ou le SDK, réaliseraient toute la procédure de paiement pour lui.

 

Pour en arriver là, les opérateurs de mobile banking doivent ouvrir leurs Web Services (RESTful API) au public ou au moins faciliter l’accès aux développeurs. Si cette décision venait à être prise, non seulement l’économie numérique serait boostée de manière significative, mais le véritable e-commerce exploserait dans une sous-région qui regorge de talents prêts à exploiter ce filon.


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